Le soleil déclinait à l’horizon. Ses lumières jaillissaient à travers les fenêtres de la salle commune de la maison de l’Air, éclaboussant les murs et les visages des élèves de rouge, de jaune et d’orange. Confortablement niché dans un fauteuil, Solas admirait distraitement ce spectacle, un livre d’alchimie (qui présentait une ressemblance frappante avec une brique) ouvert sur les genoux. La salle était plutôt calme et les élèves ne faisaient pas vraiment attention à lui ; ils travaillaient, jouaient aux échecs sorciers, échangeaient recettes de cuisine et de maquillage, partageait des sachets de patacitrouille, préparaient des soirées clandestines avec des étoiles dans les yeux (ignorant complètement que leur responsable de maison avait des oreilles partout)…

Il sourit, heureux de la tranquillité qui baignait les lieux. Ca ne durait généralement pas ; dès qu’il avait le dos tourné, les élèves finissaient toujours par organiser un concours de sortilèges qui finissait en catastrophe, ou par se jeter des coussins au visage en s’esclaffant avec la délicatesse de jeune phacochères, ou par se lancer toutes sortes de défis stupides, et alors Solas devait revêtir son costume de responsable de maison et les rappeler à l’ordre, s’attirant regards noirs et moues désapprobatrices. Mais en attendant… En attendant, tout allait bien, personne ne s’était encore débrouillé pour se coincer une baguette magique dans l’oreille, et la soirée s’annonçait calme !

Un léger frisson traversa son échine. Le professeur leva le nez, intrigué. La fenêtre était fermée, mais la salle commune restait sujette aux courants d’airs. Pas étonnant, puisqu’il s’agissait de son élément ! Cela restait tout de même parfois un peu ennuyeux. Les nez qui coulent, les toux, les frissons… Une gorgée d’eau de la Fontaine magique suffisait généralement à soigner ces petits maux, mais il valait mieux prévenir que guérir !

Se redressant de son fauteuil et abandonnant sa lecture, Solas décida de mettre en place un dispositif spécial « réchauffons un peu l’ambiance » (et pas de la façon que vous imaginez, petits vicieux !) Il alla chercher un grand chaudron dans une armoire (pour les besoins de la production, les armoires des salles communes regorgeaient actuellement de trésors) et l’installa dans un recoin. Les élèves ne lui accordèrent que peu d’attention ; ils avaient fini par être habitués à sa présence et à ses drôles d’expériences. Lorsqu’il était occupé, ça leur laissait le champ libre pour faire ce qu’ils voulaient, et ça les arrangeait bien ! Il fouilla parmi ses affaires à la recherche du matériel nécessaire et l’étala sur une table, non loin de lui. Tablette de choco-praline croustillante, lait entier, bonbonne de chantilly, épices magiques achetées à Castel-Royal… tout était prêt ! Il ne lui manquait plus qu’une chose : quelqu’un pour l’aider !

« Les enfants, l’un de vous voudrait être mon assistant ? » demanda-t-il à deux élèves qui gisaient non loin de là dans un fauteuil. La première, Plume Carax, secoua vivement la tête de gauche à droite, avant de se cacher derrière un morceau de parchemin sur lequel elle avait dessiné de petits hippogriffes. Le second, le préfet de la maison de l’Air, lui répondit calmement qu’il n’avait pas le temps et qu’il était très occupé par son devoir de Divination. Okaaay, ça commençait bien.

Il avança un peu plus dans la salle commune, à la recherche d’une victime personne volontaire. Qui, si possible, ne faisait pas semblant de lire ou de travailler pour ne pas croiser son regard. Finalement, il jeta son dévolu sur… hm…

« Mademoiselle Mc Graw ! » Il gratifia la jeune femme d’un grand sourire. « Tout va bien ? La semaine s’est bien passée ? Aurais-tu un peu de temps pour me donner un coup de main ? » Et, sans vraiment attendre de réponse, il lui fit signe de le rejoindre jusqu’au chaudron.